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« Il n'y a pas d'ego entre nous » Lauren Dannay, co-fondatrice avec son meilleur ami

30 septembre 2021 · 7 min · Alexandre Nessler

Vous êtes-vous déjà imaginé lancer une entreprise avec un proche ? Mieux, avec votre meilleur ami.e ? Pour certains, c’est absolument inenvisageable. On ne mélange pas vie privée et vie professionnelle. D’autres se demandent si les affaires pourraient vraiment marcher sans égratigner l’amitié. Lauren et Alexandre, eux, l’ont fait. Le résultat ? Une entreprise qui marche : Whoomies, la plateforme de logement des 18-35 ans. Et un lien amical et professionnel plus fort que jamais pour ceux dont cette aventure est la première expérience de l’entrepreneuriat. Comptalib a pu discuter avec Lauren Dannay, COO et Co-founder de Whoomies à propos de ce lien si particulier qui l'unit à son associé. Rencontre.

Le lien humain est au cœur du concept de Whoomies. Mais il a aussi une grande importance dans ton histoire entrepreneuriale, car Whoomies, c’est avant tout l’histoire de deux meilleurs amis. Comment vous avez décidé de vous lancer dans cette aventure à deux ?

Ça s'est fait un peu par hasard, à vrai dire. On était tous les deux attirés par l’entrepreneuriat depuis un moment, mais on n’avait jamais envisagé de se lancer ensemble. Alex (Alexandre Assal, CEO de Whoomies, ndlr) avait pour habitude de noter des tas d’idées d’entreprise dans un carnet. Il m’en parlait souvent, mais ça n’allait pas plus loin. De mon côté, j’avais déjà essayé de lancer une boite pendant mes études, mais le projet n’avait pas abouti car mes associés et moi-même n’étions pas assez complémentaires, on venait tous de la même formation, on avait le même profil.

Un jour, une de ses idées m’a particulièrement emballée. Nous étions tous les deux confrontés à l’importance de l’affinité dans la colocation. Lui parce qu’il cherchait une nouvelle colocation où s’installer, moi parce que ça ne se passait pas très bien avec ma colocataire de l’époque. Alors quand il a évoqué l’idée d’un “Tinder de la coloc’”, ça a tout de suite résonné en nous.

A partir de ce moment, on a commencé à se renseigner sur le marché de la colocation, en parallèle de nos activités respectives de l’époque, et on a découvert que personne n’avait encore imaginé le concept. On s’est rendu compte que l’on faisait un bon duo dans ce travail de recherche, alors on a décidé de sauter le pas. On a quitté nos jobs, et Whoomies était née.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de vous associer ?

Ça s’est imposé naturellement, comme une évidence. On s’entendait bien - forcément, on était meilleurs amis - et on trouvait qu’on formait une bonne équipe, qu’on était complémentaires. Lui était passionné par le parcours utilisateur, le produit. Moi, je m’intéressais à la partie financière, au business plan, à la recherche de fonds. Certaines compétences nous manquaient encore, mais on se disait qu’ensemble, on trouverait toujours une solution.

Comment s’est passée votre collaboration aux débuts de Whoomies ?

C’était dur, évidemment. Pour lui comme pour moi, il s’agissait de notre première entreprise, alors on ne savait pas vraiment par où commencer. On a rapidement compris qu’il fallait se tourner vers un incubateur. Entre nous, la collaboration s’est très bien passée. On se répartissait les tâches, on avançait chacun de notre côté, puis on présentait nos résultats à l’autre sous forme de Powerpoint pour en discuter ensemble.

Est-ce que tu craignais que le travail nuise à votre amitié ?

A l’époque, je ne connaissais aucun entrepreneur, donc je n’étais pas consciente des risques. Mais au sein de l’incubateur j’ai pu m’apercevoir que nombre d’entreprises prometteuses explosent en moins de deux ans à cause de désaccords ou tensions entre les associés. Même dans les boîtes où les associés étaient ultra-complémentaires, il arrivait qu’ils ne s’entendent plus et qu’ils décident de couper court l’aventure.

Ça ne vous est pas arrivé. Pourquoi ?

Je pense que souvent, les frustrations naissent de l’ego. Dans une entreprise, quand l’un des associés a plus de parts que les autres, ou que l’un travaille plus que l’autre, qu’il y a un déséquilibre quelque part, cela peut créer des tensions. Nous, on a fait 50-50. Je pense que c’est primordial car aux débuts d’une entreprise, on est tous dans le même bateau. Il n’y a pas de différence entre celui qui a eu l’idée et les autres.

Au niveau relationnel ensuite, on a la chance, grâce à notre amitié, de pouvoir faire preuve d’une totale transparence dans notre communication. Il arrive qu’on s’engueule, évidemment, mais ça ne laisse pas de trace sur la durée et ça se règle autour d'un verre ou par une blague sympa. En plus, il n’y a pas d’ego entre nous. On ne ressent aucune frustration quand c’est l’autre qui parle plus dans les médias, ou qui porte le titre de CEO. On considère que c’est juste une répartition des tâches pour le bien de l’entreprise.

Donc selon toi, l'amitié est plutôt une force en entrepreneuriat. Mais l’inverse est-il aussi vrai ? Cela n’arrive jamais que le travail nuise à votre amitié ?

Ça dépend des périodes. Au début, par exemple, on constate qu’on n’a pas le même rythme de travail, ni les mêmes façons de faire. Il faut le temps d’apprendre à se coordonner, mais en attendant cela peut créer des tensions.

Ce qui a pu être difficile à gérer aussi, c’est le fait d’être d’un coup inséparables. Par exemple, Alex est marié, et certains jours il passe plus de temps avec moi qu’avec sa femme, ce n’est pas évident à faire comprendre à son ou sa partenaire. Il faut réussir à équilibrer la vie pro et la vie perso à plusieurs niveaux. Entre nous aussi, parfois, le travail fait qu’on ne peut plus se supporter. D’autres fois, ce n’est pas le travail mais justement le fait de ne pas accorder de temps à notre relation amicale qui peut être frustrant. Quand tu prends du recul et que tu te rends compte que tu ne parles plus du tout de ta vie perso à celui qui est censé être ton meilleur ami parce que vous ne parlez plus que de boulot, c’est difficile.

Comment éviter de détériorer la relation amicale ?

L’important, c’est l’équilibre. Il faut gérer cet équilibre vie pro-vie perso. Avec Alex, maintenant, on organise des déj’ où on ne parle pas du tout de travail, pour ne pas oublier qu’on est amis avant tout. On a aussi beaucoup d’amis en commun, avec qui on part en vacances, alors on essaye de ne pas parler business quand on les retrouve, c’est mieux pour tout le monde. On a aussi décidé de mieux répartir nos canaux de communications : sur Whatsapp, on évite de parler de travail, pour ne pas que le travail envenime cette conversation. Lorsqu’il y a une grosse tension, on hésite pas non plus à passer par le mail pour poser les choses et mettre fin à un problème, ce qui peut sembler extrêmement formel entre deux personnes si proches. Mais ça marche !

Quels sont les avantages d’entreprendre avec son meilleur ami ?

Je pense que notre grand point fort, c’est la solidité du socle qui existe à la base de notre relation. Cela crée un lien de confiance extrêmement fort entre nous. C’est très précieux. On le ressent dans les moments difficiles notamment, ça nous pousse à se serrer les coudes, à s’encourager et à s’accrocher mutuellement.

Les inconvénients ?

Parfois, le boulot prend le dessus sur l’amitié. Il faut constamment veiller à gérer l’équilibre entre ces deux facettes de notre relation. C’est un travail de rééquilibrage au quotidien. Il faut toujours faire en sorte que ça n’empiète pas sur la vie perso.

Tu pourrais créer une entreprise sans un associé ami ? 

Une chose est sûre : entreprendre seule, c’est quelque chose que je ne pourrais pas faire. J’ai besoin d’un associé pour avancer plus sereinement. Maintenant, grâce à cette première expérience, je pense que je pourrais peut-être le faire avec un ou une associé(e) qui ne soit pas particulièrement proche de moi. Aujourd’hui, à force de faire passer des entretiens d’embauche, de travailler avec différents collaborateurs, je suis capable de repérer les caractéristiques individuelles qui font que ça pourrait _matcher _ou non. Pour ma première boite, en revanche, cela aurait été impossible sans Alex. C’est trop difficile, on y met trop du sien, trop d’affect, pour le surmonter seule.

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